« Il faisait beau et frais, les oiseaux chantaient... »

Nuage de Corail s'était levée de bonne heure aujourd'hui, à son grand damne, et de la mauvaise patte. Lorsqu'elle avait ouvert les yeux, l'aube n'avait même pas encore percé les nuages dilués, mais impossible de refermer l’œil. Autour d'elle, ça avait été le branle-bas de combat tandis que tous les apprentis se levaient, empreints d'une énergie hallucinante, pour courir voir leurs mentors chéris et surtout surmenés. La jeune chatte avait bien grommelé et grogné pour afficher son mécontentement, personne n'avait pris la peine de la plaindre. Aussi elle s'était levée, harassée de fatigue, pour se traîner dans la poussière jusqu'à la clairière principale, se morfondant et s'exposant ses petits malheurs à elle seule, le museau froncé. Et dehors, rien de mieux n'avait éveillé sa curiosité : il faisait beau pour une fois, mais une brise matinale soufflait, perçant si facilement la fourrure de l'apprentie. Les oiseaux s'évertuaient à se balancer leurs trilles joyeuses, sans qu'aucune bonne raison n'approuve leur conduite. Ils comptaient réveiller tous les guerriers de la forêt pour avoir une meilleure chance de rejoindre les autres proies, direct sur le tas de gibier ? Le tas de gibier. A ce mot éveillant d'agréables sensations gustatives, Nuage de Corail releva le museau pour en capter un fumet appétissant. La délicate odeur d'une souris fraîche et tendre lui mit immédiatement l'eau à la bouche.
L'apprentie regarda prudemment autour d'elle, méfiante, non sans aborder un air décontracté au cas où on la repèrerait. Elle se faufila discrètement vers la source de nourriture, cachée par les ombres, silencieuse comme l'onde dans les abysses. Elle y était presque...